Ca fait un moment que je voulais t'en parler. Je ne l'ai pas encore fini, je prends mon temps. C'est un parfait livre de voyage, qui parle de quête, de foi, d'amour, des choses qui nous dépassent.
« Il est là, le trésor, au plus noir de ces eaux ! Un puissant talisman le garde des intrus. Cette damnée magie qui t'aveugle et te perd, c'est le monde visible et ses mille embarras, ses douleurs, ses mirages. Ô chercheur, c'est ton corps ! Passe donc au travers, arrache la serrure et tu le trouveras, le secret de ta vie ! Oublie le cœur, la chair, l'âme t'apparaîtra. Mais tu ne seras pas pour autant parvenu aux portes du Palais. Ton âme dissimule un nouveau talisman qu'il te faudra briser pour atteindre l'Ami. Marche donc sans questions. Tu ne verras jamais le fin bout de ta route. Tu ne peux rien savoir de la paix désirée. »
« Sachez-le, rien n’importe plus que le désir qu’Il nous inspire. A quoi bon l’âme dans nos corps sans un être à nourrir d’amour ? Es-tu prêt à partir sans remords, sans regret, la face offerte au vent ? Es-tu vraiment celui qu’aucun danger n’effraie ? Oublie-toi donc et va. Abandonne aux buissons ta veille peau sans âme. Sois brave. Fais cela. Le Bien-Aimé t’attend pour te vêtir de Vie à tout instant nouvelle. »
« Mon corps est éloigné de toi, mon tout précieux, mon confident, mais sache que mon âme est là, plus proche de toi, s'il se peut, que ton âme ne l'est de toi même. »
« L'amoureux, répondit la huppe, ne s'inquiète pas de son sort. Ascète ou débauché, qu'importe. Il renonce à tout ici bas. Si ton cœur n'aime pas ta vie, jette ta vie et va sans elle. »
« Sur le chemin de l'amoureux, tout ce qui vient est ce qui doit. »
« Supposons même que ce monde soit vivable sans tricherie, se tenir hors de sa portée serait moins cruel que d'y vivre. Donne-toi donc de corps et d'âme au tumultueux océan !Sans doute dira-t-on que ce désir brûlant de l'Amour majuscule est d'un orgueil coupable, et que c'est folie de penser que l'on peut parvenir vivant où personne jamais ne fut. Pour moi, mieux vaut offrir ma vie à ce désir, même orgueilleux, que de laisser pourrir mon cœur dans des soucis de boutiquier. J'ai tout vu, j'ai tout entendu. Rien n'a pu détourner mon œil de ce chemin que je veux prendre. J'ai connu toutes sortes d'hommes. Je n'en ai pas rencontré un qui ne soit envieux, cupide, avide de biens ou d'honneurs, de richesses spirituelles, d'héroïsme ou de pureté. Il nous faut mourir à nous-mêmes, aux êtres, à tout ce qui nous tient, que l'âme sorte enfin de nos bouches béantes, libre comme oiseau dans l'air ! »
la Conférence des Oiseaux, Farid Al-Din Attar
Libre enfin !
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